Connexion


Les posteurs les plus actifs de la semaine
Aucun utilisateur

Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 13 Jan - 16:01

LA RENAISSANCE.
Avant propos.


Je me nomme Arnaud mais mes frères m'appellent simplement Naud. Depuis des décennies, je parcours ce monde de chaos, de sang et de larmes protégé uniquement par la robe de bure verte de ma confrérie. Je suis Naud le père vert ( en deux mots s'il vous plaît !). Je cherche celui par qui tout renaîtra, je cherche la descendance, je cherche l'élu.
Ce récit retrace cette quête et ce qu'il en advint.
( à suivre)( je garantie pas la régularité)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 20 Jan - 10:49

La quête de l'élu


Le bruit de succion que faisaient mes sandales à chacun de mes pas m'était insupportable. Dans ces pays du nord-est, de pluie et de brouillard, les chemin n'étaient que de longs bourbiers sinueux. Je n'osait regarder mes chausses couvertes de boue, me demandant combien de lavages successifs seraient nécessaire pour restaurer le rose délicat des fines soquettes de laine, confectionnée avec tant de soins et de compétence par les artisanes de ces régions du midi d'où mon errance m'avait considérablement éloigné, et qui s'assortissaient si bien avec le vert olive de ma robe de bure.
Le village se dessinait à travers le triste crachin qui persistait depuis depuis l'aube. C'était un pauvre village dont l'enceinte de bois à demi effondrée ne garantissait même pas de la bise du nord et certainement pas des maraudes.
Le chemin pénétrait le village par une béance plus large. Bien sûr aucun garde n'en contrôlait l'accès, peut-être à cause de cette froideur humide du matin où d'un improbable tempérament pacifique des habitants, à moins que se ne fût cette odeur, s'affirmant de plus en plus nettement, qui décourageait tout vagabondage en ces lieux oubliés de Dieu ? Cette puanteur acre raclait la gorge et irritait les parois nasales comme si l'air, déjà chargé de ce brouillard pesant avait l'épaisseur d'une matière acide.
Mon âme pieuse et charitable laissa échapper une lamentation de pitié.

  • Ô hameau amer, maugréais-je. Serait- ce possible que la Descendance se cache en ton sein?



Le découragement, bien compréhensible, ajouté à la fatigue de tous ces lieux visités et de toutes ces lieues parcourues eurent raison de mon endurance et je tombais à genoux dans la gadoue (au point où en était l'état de mon costume, un peu plus ou un peu moins...). Je quémandais, avec toute l'humilité qui caractérise ma dévotion, un réconfort divin.

  • Ô, Seigneur ! Pourquoi m'as-tu abandonné ?



Alors, une pale éclaircie sembla atténuer la grisaille des nues et la Voix, la Sainte Voix, douce et chaleureuse se manifesta enfin :

  • Ho ! Père Naud, je t'ai déjà dit de ne pas me nommer ainsi. Le seigneur c'est l'autre... Appelle-moi : Sainte Rondeur ou Sainte circonférence ou... Enfin relis tes classiques, quoi !



La première fois que m'advint la Voix, je recopiais un précieux palimpseste avec toute l'application et talent qui attisaient tant de jalousie et de rancœurs. J’imaginais que cette Voix résonnait sous les voûtes séculaires de notre paisible abbaye et que tout un chacun l'avait ouïe. Je fis part de ma stupeur à mes frères copistes, mais leurs répliques telles que : «  Hé, Naud ! T'as encore piqué du vin de messe ? » ou «  Fais gaffe Naud, tu vas finir en brochette comme la pucelle... », me convainquirent qu'elle m'était uniquement consacrée. Elle m'avait choisie.

La Voix repris :


  • Ô homme de peu de foi, nous ferais-tu une cirrhose ? Douterais-tu de ta mission ?
  • Pitié Saint... Sainte... Heu... Pitié, mon fardeau est si lourd, ma tache si difficile...
  • Non, non, se mépris la Voix, ce n'est que de la boue. Ça part en frottant...



Puis, avec une solennité emphatique, elle poursuivit :

  • Père Naud, Tu as été choisi pour cette quête, tu as été désigné. Le destin t'as marqué ! Alors, vieux Père vert, il faut que le marqué quête !



( à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 27 Jan - 17:24

L’éclairci se confirmait et la brume se levait. Je l'imitais avec difficulté car ma robe de bure répugnait à se séparer de la boue si attachante du chemin.
Les masures du village se distinguaient plus nettement renforçant l'impression d'abandon et de misère qui m'assaillit dès que j’eus franchi les limites de ce qui servait d'enceinte. Je cherchais du regard quelque populace, lorsque un appel perça les dernières vapeurs accrochées à l'humus humide.

  • Allez, Luc ! Remue-toi un peu, Luc !





Je dirigeais mes pas vers le grossier bâtiment de rondin d'où semblait provenir les sons, mais aussi l'odeur.
Un jeune garçon se penchait vers l’intérieur de la baraque par dessus un méchant portillon qui en barrait l'entrée. Il restait ainsi courbé en avant offrant au regard son anatomie postérieure. Je rendis grâce au Seigneur qui, dans sa mansuétude, m'avait donné la faculté d'apprécier à sa juste valeur les plus belles réussites de sa création.
Mon approche chuintante ne semblait pas alerter le jeune homme tant il demeurait fasciné par quelque événement se déroulant de l'autre côté du portillon. À moins qu'il ne fût tout simplement assoupis et que ces appels, dont je ne devinais pas la source, lui étaient destinés.

  • Dis-moi, mon fils, l'interpellais-je.
  • Oui Papa répondit-il en se retournant. Ho ! Excusez messire, je croyais que c'était mon père...
  • Et pourtant, je suis ton père, Luc, assurais-je
  • Luc ? Luc ? S'étonna-t-il
  • N'est-ce pas toi : Luc ? J'ai entendu quelqu'un t’appeler à l'instant.
  • Ah, non ! Luc : c'est lui...



Il désigna alors le côté obscur de la porcherie où dormait un énorme porc.

  • C'est notre verrat là, il ne fait que dormir. Je tentais de le réveiller.




La masse du cochon se distinguait difficilement de la fange puante mêlée de paille et de vermine dans laquelle il se vautrait. Des processions de mouches et d'insecte divers pèlerinaient sur ce Golgotha de saindoux. La peau d'un rose fragile qui se laissait entrevoir par endroit me rappelait douloureusement l'état de mes soquettes souillées et humides.

  • Luc, c'est un drôle de nom pour un cochon, mon fils.
  • Ben, c'est-à-dire que tout le monde, ici, appelle son verrat : Adam ou Pié et même Champagne ! C'est vous dire... Alors flûte ! Nous, on l'a appelé  Luc, ça change... En fait, mon père est dyslexique
  • Dix, quoi, combien ?
  • Un peu dyslexique. Souvent, il inverse les mots. Mon père trouvait que ce cochon avait un beau cul, alors, il l'a appelé Luc.. Moi, j'aimais bien : Kivriva, mais ça a été : Luc. Voilà l'histoire.
  • Tu m'en diras tant, concluais-je en opinant de la tête.



Ce garçon était un cadeau divin. Son regard d'azur limpide et pur pétillait d'intelligence. Il éclairait les traits pales et délicats de son visage adolescent, peut-être un peu ronds, mais parfaitement assortis à ses formes postérieures. Je résistais à la tentation de caresser, tel un père affectueux, sa blonde chevelure, dont la coupe d'un style rustique ( au bol ébréché) ne parvenait pas à en ternir l’éclat angélique. Quelques croûtes douteuses et odorantes, maculant ça et là ces mèches gracieuses, me confortèrent dans mon abstinence.
Soudain une voix forte et vulgaire mit fin à mes hésitations.

  • Putain, Richard ! Avec c'est qui que tu causes ?



( à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 3 Fév - 17:34


  • Mais avec mon père, père...


Il était difficile de déduire quelques ressemblances héréditaires avec l'homme qui arrivait au bout de ce qui servait de rue, tant il était massif et lourd comparé à la fine silhouette, presque féminine, de son fils . Son visage s'articulait autour d'une large ouverture s'ouvrant sur des chicots artistiquement travaillés par une négligence opiniâtre. Le reste était couvert de poils hirsutes laissant deviner de petits yeux vitreux. Il scandait ses paroles par une gesticulation nerveuse destinée à chasser les mouches qui vrombissaient autour de son crane qui, si la présence du soleil coïncidait avec l'ablution annuelle, aurait pu luire d'un bel éclat.

  • C'est ti que tu racontes là? Tu déparles ou quoi ? Et c'ui-là, c'est qui ?
  • C'est un père, père.
  • Je vois bien que c'est un pépère, il est pas tout jeune !
  • Ho, pas tout jeune, pas tout jeune, m’offusquais-je. Je suis encore vert, vous savez.



Il m'examina un instant tout en terrassant quelques diptères de ses battoirs.

  • C'est un religieux, père, précisa Richard. Ne reconnais-tu pas son port ecclésiastique ?



L'homme balança, à droite et à gauche, le balai-brosse pelé qui lui servait de tête et fit :

  • Un porc ? Quoi tu me dis là ? Y a pas d'autre porc que mon verrat ici ! D'ailleurs, qu'il se bouge, c'ui- là, que la truie, elle s'impatiente, qu'elle se demande quand est-ce qu'elle le verra, le verrat.



Puis, il écarta énergiquement le garçon du portillon et pénétra dans la soue en maugréant.

  • Assez traîné. Si je compte sur toi, il pourille jusqu'à demain. Pitain, tu peux pas le secouer un peu ! À quoi tu sers à vabasser pendant que je me crève le luc !



Il eut un couinement aigu. Le sabot du porcher avait atteint son but malgré les difficultés balistiques dues au revêtement particulièrement spongieux du lieu. Les mouches protestèrent d'un bourdonnement agressif et s'étirèrent en volutes à l’extérieur de l'abri porcin en s'étonnant qu'il ne plu plus. Puis, la lumière blafarde de ce jour sans bonté, éclaira un groin suintant et deux petits yeux, encore embués de sommeil, cherchant une direction vers laquelle diriger le reste du corps. Une brutale impulsion postérieure mit fin aux hésitations et le verrat sorti avec un grognement de protestation avant d'entreprendre, sur trois pattes, l'ascension de la rue.
L'homme se montra ensuite, enfilant son sabot où quelques petites créatures longilignes de couleurs variées, engluées dans un cataplasme brun indéfinissable, se tortillaient en vain. Cela fit un chuintement visqueux que sembla apprécier le porcher.
Était-il possible que tant de délicatesse de traits, d'intensité dans le regard, de discernement dans le jugement soient le fruit de cet être fruste et grossier. Ce garçon était la perle enfouie dans les chairs informes de l’huître qui n'avaient d’intérêt qu'assaisonnées de citron ou bien de gouttes de vinaigre mêlées d’échalotes. ( C'est selon.)
Ne sachant où diriger ma quête, j'accompagnais le garçon à la suite de son géniteur.
Peu à peu, le village s'animait. Quelques gueux en guenille s'aventuraient hors de leur pitoyable masure, chassant brutalement les volatiles déplumés déféquant à leur porte. Leur regard hostile me collait à la bure, aussi sûrement que la boue de leur venelle dont je sentait l'humidité pénétrer mes orteils jusqu'à mon échine, au point de me faire éternuer.

  • A vos souhait, mon Père fit le garçon.



Ô Que de prévenance de la part de ce doux enfant ! Aussi en profitais-je pour renouer avec le but de ma visite.

  • Dis-moi, mon fils, saurais-tu me conduire au seigneur de ces lieux ?
  • Ne cherchez pas plus loin, il est juste devant vous, répondit-il en désignant la tour contrôle à mouche s'escrimant auprès de son verrat.



Je levais des yeux désespérés vers les nues qui, en fait, s'étaient rhabillées car de nouveaux nuages poisseux menaçaient. Mais la Voix restait résolument aphone.
Alors, résigné, j’interpellais le porcher.

  • Seign … Atch ! Éternuais-je. Seigneur, vous êtes donc le seigneur de cette contrée, n'est-ce pas ?
  • Sûr que c'est moi grommela t-il sans daigner se retourner.

Puis, gratifiant le cul de Luc d'un coup de sabot ajusté, il précisa :

  • Et c'ui là, s'il continue à me garcer, ça va être le prochain que je vais saigner.



( à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Sam 11 Fév - 11:33

Le garçon eut un petit rire étouffé et je compris qu'il s'amusait du quiproquo qu'il avait provoqué. Décidément, ce jeune homme était plein de ressource et méritait de s'épanouir à mon aura plutôt que de se déliter dans la fange crasseuse de ce bourbier d'inculture.

  • Ne serais-tu pas un tantinet espiègle mon atch !... Mon fils. J'évoquais le maître du village, bien-sûr.
  • C'est que, mon Père, ici, c'est la république.
  • La raie publique ! M'écriais-je. Serais-je, ici, au milieu de libertins et de femme faciles ?



Ma réaction outragée parut surprendre le jeune homme.

  • Ben, en république, mon Père... Nous n'avons pas de seigneur. Celui qui nous gouverne est élu...
  • Élu ?



Comment avais-je pu laisser ma confiance s'égarer sur les âpres chemins où m'avait conduit, avec de multiple détours, certes, mon Guide Vocal ? J'atteignais enfin le terme de ma quête. Je joignis mes mains tremblantes et gercées en signe de contrition, tentant d'entrevoir, au travers du ciel boursouflé, une embellie divine.

  • Ô Père Naud, entendis-je alors. Vois-tu enfin la voie de ma voix ?



Je me signais instinctivement et bredouillais :

  • Votre Incontournable Rondeur, Vous... Vous êtes revenu ?
  • Oui, je déjeunais. Et parler la bouche pleine est contraire au protocole. Le Big Secrétaire – qu'il repose en paix- ne saurait tolérer cela. Et puis, ça fait des parasites.



Le jeune homme me dévisageait, perplexe.

  • Heu, mon Père, que dites-vous ?.. Vous soliloquez ?
  • Je te pris de rester poli, mon fils ! Rétorquais-je fermement. Car, bien que cet enfant éveillât en moi une attention toute heu... Paternelle, ce n'était pas une raison pour se laisser traiter de la sorte.



Le gamin, confus, s’intéressa alors à ses misérables chausses. Cependant, je craignit d'avoir été trop brutal. Alors, de ma voix posée et grave – celle qui me valait moult louanges lors de mes prêches au monastère et qui m'attirait tant de mesquines moqueries de jaloux ( que le Très Haut les pardonne) – je repris le fil de notre conversation.

  • L’Élu, mon fils ? Et où peut-on rencontrer l’Élu ?
  • Et bien, à la mairie, mon Père.
  • À la mairie ? Tu veux dire au quartier général.
  • Vous savez, nous ne sommes qu'un petit village et nous n'avons pas de quartier, tout juste, si nous pouvons former un tout, alors notre élu réside à la mairie, c'est normal pour un maire.
  • Une mère veux-tu dire...



L'intonation de ma remarque trahissait une vive inquiétude. L’Élu serait donc une Élue ? Ces pauvres ères vivraient-ils sous égide d'une femme ? Je comprenais mieux maintenant l'état pitoyable de la contrée. Heureusement, le garçon mit rapidement fin à mes interrogations.

  • Non, un maire. Régulièrement nous élisons un maire, alors il devient notre chef.
  • C'est vous qui l'élisez ?
  • Oui, sur le champ.
  • Mais alors, ce n'est pas la Voix qui le désigne?
  • La voix... ça dépend... C'est les voix, enfin celui qui en a le plus est élu.
  • Mais, mon fils, tu blasphèmes ! Il n'y a qu'une seule Voix !
  • Oui, des fois, ça arrive quand tout le monde s'abstient.
  • L'abstinence, mon fils, quelle dure épreuve...
  • Ainsi, continua le jeune homme. Chacun peut devenir maire, même vous.



Un instant, mon esprit s'égara.

  • Ah ! Père et mère, ça serait pas banal...

(à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 17 Fév - 20:26

Une goutte de pluie grasse s'écrasa contre mon cou et s'insinua, avec un sadisme froid, par le bâillement du col de mon habit qui manifestait, ainsi, sa grande fatigue. Mais j'atteignais le but. Bientôt, je révélerais à ce monde obscur, la magnificence de du Roi The BIG. À travers son héritier, le Big Royaume renaîtra. Il éclairera la nuit de sa flamme chaleureuse et bienfaitrice et tous, alors, chanteront ses louanges, alléluia !... Et puis, comme grâce aux services rendus, on m'offrira une robe toute neuve... Et pas forcément en bure, il y a des tissus qui... Une nouvelle goutte réveilla un éternuement assoupi et mit fin à mes rêveries. Je devais précipiter le mouvement si je voulais rester au sec.

  • Conduis-moi à Marie... Heu... Comment dis-tu ? À la mairie...
  • Nous y arrivons, Mon Père, c'est là, en haut de la rue.



La battisse était plus imposante que l'ensemble des huttes et masures du village. Elle se dressait devant un espace délaissé qui devait servir de lieu de rassemblement, si toutefois, l'idée de débat ou de réunion avait effleuré l'esprit de cette peuplade primitive. De massives pierres, grossièrement taillées, formaient la base des murs du rez-de-chaussée et se prolongeaient à l'étage d'un appareillage de terre et de bois assemblés sans aucun soucis de symétrie et d'harmonie. Je frémis devant l'ampleur de la tâche civilisatrice qui m'incombait.
Une massive porte de bois renforcé de ferraille cloutée constituait le seul accès apparent.Sur le tronc mal équarri qui servait de linteau, se lisait, en lettres maladroites, le mot : MAIRIE

  • Au moins, ils savent écrire, soupirais-je.



Par timidité ou politesse, à moins que se ne fût la surprise de se savoir enfin assisté, le jeune homme fit un léger écart lorsque j’apposais mes mains sur ses hanches dans l'intention louable de l'aider à ouvrir le lourd ventail. Je sentis, à travers la grossière étoffe de sa pauvre tunique, toute la vigueur de ses muscles gorgés de sève juvénile.
Nous entrâmes précipitamment car le ciel décida de s'épancher à grosses larmes sur les malheurs de cette terre perdue. Nous pénétrâmes dans un sombre vestibule éclairé par l'humide lueur du jour filtrant à travers l'ouverture de la porte et par un chaude ligne de lumière se glissant sous une grossière tenture obturant l'accès à une autre pièce. Un feu brûlait de l'autre côté.
J'hésitais à m'avancer. Je doutais encore. Que me m'attendait-il derrière ce méchant rideau ? Et si je m'étais, encore une fois, égaré ? Tant que demeurait devant moi, cette fine barrière de drap, je pouvais espérer, toujours... Je fus déçu tant de fois... Et puis, était-il pas inconvenant de se présenter ainsi sans y être invité ? C'était la Descendance tout de même !
Je tapotais machinalement la besace qui pesait à mon épaule. D'aucun y aurait vu qu'un simple sac de cuir et pourtant il contenait ce qu'il y avait certainement de plus précieux dans ce monde de fureur. Ce sac était un reliquaire. Bien sûr, il n'avait pas l'apparence de ces coffrets précieux obséquieusement conservés dans nos cathédrales, mais il protégeait le Saint LIVRE ! Les Saints TEXTES besogneusement recopiés sous les voûtes de ma douce abbaye, les Saintes ECRITURES qui allaient tout révéler... oui, tout révéler... Mais saurait-il les lire ?... Ô doute cruel, m'épargneras-tu, enfin, ces souffrances !

  • Hum ! Mon cher fils, m'enquérais-je. J'ai vu que l'art de l'écriture ne vous est point inconnu, mais la lecture ?



Il tourna vers moi un visage honteux, n'osant à peine lever les yeux de la paille moisie couvrant le sol.

  • C'est à dire,ici... Heu, les livres... Pour nous, c'est juste une unité de poids. Ça nous sert pour mesurer le prix du jambon... Chez nous, il n'y a que la cochonnaille, saindoux, gras double et cassoulet, voyez.... Alors, lire... Écrire....
  • Mais, au dessus de la porte, n'est-il pas marqué : « mairie » ?
  • Ah, c'est bien ça ! Fit-il avec un large sourire. C'est bien « mairie »? je n'étais pas sûr quand j'ai tracé les signes.
  • C'est donc toi qui a écrit le mot ?
  • Oui, j'ai recopié les lettres. Je sais former les lettres, ça me plaît, mais après, je ne sais pas comment les organiser...



Ce garçon était une providence, voire même une récompense pour mes longues errances. Je saurais modeler cette esprit encore vierge... de … de tous préjugés, de tous stéréotypes et d'habitudes intellectuelles dévoyées. Ô, Sainte Voix, quel cadeau as-tu mis sur ma route !

  • Aimerais-tu apprendre, atch ! Ha, mais c'est que je m'enrhume, moi.... Écrire... Lire ?
  • Oh que oui, mon Père !
  • Montre- moi tes mains, veux-tu ?



Il hésita un instant puis me tendit ses paumes. Je saisis tendrement sa main droite. Certes, la propreté de ses ongles se conformait à l'environnement socioculturel, mais leur noir prononcé mettait en valeur une peau claire et délicate.

    - Tu as des mains de scribe, mon petit... mon petit...



( à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 24 Fév - 13:27

Il se retira brutalement lorsque mes deux mains, comme pour protéger un oisillon tombé du nid, se refermèrent sur la sienne. Je voulais lui signifier ainsi, toute ma bienveillance, mais ce brave garçon montrait une timidité bien trop excessive. Bah, c'était un âge ingrat.
Je proposais alors :

  • Veux-tu être clerc, Richard ?
  • Il me semble que je suis assez clair ! Répondit-il sèchement.
  • Non, je veux dire : mon clerc. J'ai besoin d'un assistant.
  • Votre clerc ?... Ben...
  • Tu aimerais pouv'atch ! Reniflais-je. Tu voudrais pouvoir lire ce que tu écris, n'est-ce p'atch ?
  • Bien sûr, mon Père.
  • Si tu m'accompagne dans la mission sacrée qui est la mienne, je t'apprendrais cela... Alors, veux-tu être mon disciple, mon fils ?
  • Ah, mon Père, je suis avide de connaître votre science ! Que dois-je faire ?



C'était l'instant solennel. Il fallait, en quelque sorte, arrêter le temps, souligner l'indicible valeur du moment. Je redressais mes vertèbres scoliosées et toisais de toute ma hauteur l'aspirant jeune homme. Puis, lentement, avec les gestes d'un cérémonial accompli, je cherchais dans ma besace, le parchemin officiel de l'ordre des Pères Verts, ainsi que la plume et l'encre nécessaires à l'acte... Je ne les trouvais pas de suite et les quelques jurons prononcés lors de ma recherche, ternirent un tantinet la gravité de l'instant.

  • Voici le formulaire officiel que tu dois parapher, mon fils. Il faut faire cel'atch ! Dans les règles.
  • Signer, mon Père,mais... Je ne sais pas trop... Peut-être une croix ?
  • Cela ne se peut, mon fils. La croix, c'est déjà fait, tu dois signer de ton nom.
  • Mais je ne sais, mon Père...
  • Bon, je vais te dicter les atch ! Les lettres. Tu sais les dessiner n'est-ce pas ?
  • Oui, ça, je sais.
  • Bien, voyons comment nous pouvons procéder à l'écriture...



Je cherchais en vain, dans cette pièce lugubre, un support plus ou moins horizontal pouvant servir d'écritoire.

  • Voilà, tu n'a qu'à écrire sur mon dos... Il est, c'est vrai, assez osseux, mais il est ferme. Ça fera l'affaire.



Je me penchais en avant prenant appuis de mes mains sur les genoux.

  • Et appliques- toi, mon fils, ne va pas faire de ratures et surtout ne macule heu... Oui, ne macule pas... Heu... mon habit.



J' avais conscience que cette posture ne présentait pas le meilleur point de vue sur ma personne et que la scène pourrait paraître plus scabreuse que solennelle pour un témoin inopportun, mais le temps pressait. Je précisais :

  • Tu vas écrire les lettres que je te dicte au bas du parchemin. Es-tu prêt, Rich'atch?
  • Oui, mon Père.
  • R... I...



Je sentais, à travers l'épaisseur de la bure, toute l'application de mon élève. Cela faisait une sorte de grattouilli qui provoquait sur mon échine quelques frissons incontrôlables.

  • C... H... A... R... D... As-tu fini ?
  • J'ai fini, mon Père.



Je me redressais et saisi le parchemin que me tendait mon nouveau clerc.

  • Mais, qu'as-tu écrit, mon fils ? Tu as oublié le H.
  • Le H ? Ah, il y avait un H ?... J'ai cru... Enfin votre rhume...
  • Et bien soit ! Tu devras t'habituer à ton nouveau nom. Atch !



Je considérais gravement la jeune personne qui me regardait avec un air désolé. La pénombre du lieu n'atténuait même pas sa misérable apparence.
Je déclarais, sentencieux :

  • De toute façon : « Richard » ça ne te convenait pas du tout. Et puis Père Naud et Ricard, cela sonne plutôt bien, non ?



Je rangeais délicatement le document et les ustensiles puis déposais la besace sur les épaules de mon élève.

  • C'est ta première tache, mon fils. Le prix de ton éducation. Prends-en grand soin.



Le jeune clerc semblait embarrassé par l'honneur immense que je lui faisais, mais je continuais :

  • Il te faudra parfaire ton éducation dans une institution adaptée. Passer les diplômes et tout ça... Là bas dans le sud, il y a une abbaye spécialisée, c'est un peu loin, mais les températures y sont clémentes. Un temps sain pour un lieu Saint !... Connais-tu la bienheureuse cité de Nice, mon fils ?
  • Oh, mon Père ! je n'ai jamais franchi les barrières de mon village.
  • Tout clerc certifié doit faire ces preuves à Nice... Je te dégrossi un peu et après
    je te case à Nice, Ricard, foi de Père Naud !



( à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 3 Mar - 20:21

C'est alors que la tenture qui occultait l'accès à l'autre pièce s'écarta. Une trogne postillonnante apparut.

  • Z' est ti qui y a quelqu'un qui barlavarde, céans ?



L'individu serrait la toile au raz du cou si bien que sa tête ressemblait à un trophée de chasse d'animal exotique. Elle présentait, toute fois, quelques aspects vaguement humains, tel un énorme nez d'où s’allongeait, comme un lombric, une morve jaunasse. Il essuya son excroissance au rideau et poursuivit :

  • Ah ! Bé, z'est doi Richard ? Bais, t'es bas tout zeul ? Z'est qui zelui là ?
  • Je te présente le Père Naud qui traversa moult contrées pour s'enquérir de notre maire.
  • Ah, il veut voir le maire ?.. Z'est que... Z'est que nous sommes en blein ébat..



Je recourus à l'autorité naturelle qui émanait de ma prestance pour mettre un terme à toute tergiversation.

  • Vous me voyez mari d’interrompre vos débats – bien que je ne doute point de la pertinence de telles joutes oratoires - mais il est urgent que je m'entretienne avec l’Élu.



La tête répondit avec un bruyant reniflement. Je poursuivis.

  • Les ragots, commérages et autres colportages que j'ouïs lors de mes pérégrinations, m'ont mené jusqu'en ces lieux. Il paraîtrait, qu'ici, demeure un certain « Big »...
  • Heu, non... Z'est « Big », ici. Le Big



Puis il renifla à nouveau et ajouta :

  • Budain, qu'est- ce que ze diens comme rhube, moi !



Sans m'attendrir sur l'état de santé de mon interlocuteur (dont j'aurais pu me sentir solidaire, compte tenu de mes propres symptômes). Je trépignais de joie : pour une fois, les rumeurs étaient fondées. Je ne pouvais contenir mon impatience de mettre enfin une image sur ce nom après lequel j'errais de puis tant de lustre.

  • Je vous prie de m'introduire céans ! Exigeais-je, en avançant avec détermination.



L'homme écarta la tenture en l'enroulant plus ou moins pudiquement sur son bas ventre car il était nu. Avec quelque chose au niveau de la bouche, qui semblait être un sourire, il commenta :

  • Ah, bé, si z'est bour vous introduire, vous dombez bien.



Les lueurs dansantes d'un foyer provenant d'une gigantesque cheminée, ne parvenaient pas à dissimuler l'austérité de la salle, ou plutôt l'abandon. Nul tapis ne couvrait la terre battue, nulle tapisserie ne masquaient les grossiers moellons des murs. Au centre de la pièce, trônait un lit gigantesque où, dans un fatras de mauvais draps douteux, émergeait le buste d'un individu aux traits porcins et couperosés. À ses côtés, une sorte de femelle dépoitraillée, le visage enfoui sous une chevelure dense et filasse, jouait avec la virilité pileuse de l'homme. Vers le mitan du lit, le mouvement en va-et-vient des draps indiquait la présence d'une autre créature.
Je ne pus retenir une exclamation :

  • Là, au lit, l'Elu, Ohlala ! Hululais-je.
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Sam 11 Mar - 2:12


  • Bé, c'est qui que c'est que ce gueux là ? grogna l’Élu.



Nul n'aurait reconnu une quelconque descendance entre cet individu vautré dans ce grabat et l'illustre monarque décrit par les Saints Textes. Certes, Il en avait la masse, mais celle-ci témoignait d'un excédent de mauvaise graisse plutôt qu'un appétit de savoir vivre et les rougeurs de ses bas-joues reflétaient davantage l'abus de boissons douteuses que la pratique sportive du char à bœufs. *

  • Z'est quelqu'un qui veut ze faire introduire, répondit l'homme au nez goutteux en s'approchant si près que je sentais la déferlante de ses postillons sur ma nuque.
  • Bé, moi, je suis occupé, là. T'as qu'a t'arranger avec lui. C'est vrai qu'il est vieux et sec, mais bon, avec le temps qu'il fait....



Je repoussais fermement l'individu lorsqu'il tenta de remonter ma robe et me glissais derrière mon jeune clerc dans l'intention, bien sûr, de présenter à tous ses nouvelles fonctions. Cependant Ricard semblait bouder cette distinction car il n'avait de cesse de me tirer par la manche tout en chuchotant :

  • PèreNaud, vous avez mal compris, mon Père, c'est une méprise...



J'ignorais, hélas, les remarques de ce clairvoyant clerc, aveuglé par le désir d'achever enfin ma mission sacrée.

  • Ricard, toi qui détient, maintenant, la lourde tache de véhiculer les Saintes Ecritures ? Tu...
  • Ricard ? Ricard ?'interrompit le nez morveux. Bé, bourquoi qu'il l'abbelle Ricard, l'autre ?
  • Sachez que ce jeune homme a le privilège d'être reconnu, sous le nom de Ricard, par l'ordre des Pères Verts auquel il vient de prêter allégeance par son paraphe. Il sera mon élève et plus encore mon disciple. Maintenant, Ricard est clerc.
  • Non, ze n'est pas la beine, la cheminée églaire zuffisabbent... Buis, en blus, y reste blus qu'une chandelle que... Que ze me debande bien où qu'on la fourrée, d'ailleurs...
  • Hihihi ! Fit une voix féminine étouffée sous les draps. Ne cherche pas trop...



 * voir saison 1
(à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 17 Mar - 20:28

J'ignorais ces remarques obscures et demandais à mon jeune assistant de me présenter le Saint Ouvrage de façon à ce que je puisse tourner les pages aisément.
À la vue du Saint Grimoire, le nez spongieux cessa ses pressant attouchements, l’Élu se redressa sur sa couche en écartant négligemment sa concubine, et une tête hirsute émergea de l'amas de drap. Tous regardaient fascinés le Saint Livre.

  • Z'est quoi que ze truc ? Fini par articuler l’appendice englué.
  • Ce sont les Saintes Écritures, répondis-je.


Mon jeune clerc donnait des signes d'une intense nervosité, sans doute impressionné par l'enjeu de l'instant. Il chuchotait :

  • Père, vous faites erreur vous dis-je...



Mais je demeurais sourd à ses remarques et, avec emphase, j'ouvris l'Ouvrage Sacré.

  • Ainsi j'ouvre le Livre qui conduira votre peuplade vers les plus hautes gloires des tribus. Ainsi, voici l'instant du renouveau, l'aube de la renaissance... Oyez, oyez l'histoire de ce royaume antique et de son Roi : Son Incontournable Rondeur le Roi The BIG ! … Oyez, oyez les Chroniques du Big Royaume.



J’humectais mon index et tournais précautionneusement les pages de garde. Je ne pus éviter d'admirer- ô vanitas!- la qualités des enluminures qui m'avait demandé tant de patience et suscité tant d'admiration, mais aussi de sarcasmes envieux. J'entrepris alors, avec ma voix grave de circonstance ( voix qui... mais passons) la lecture.

  • «  Alors le Roi The BIG déclara : - Compagnon, nous n'allons pas tourner en rond cent sept ans... Cette terre semble propice à la culture de l'anis...» 



Soudain, la tenture s’écarta brutalement. Une escadrille de mouches précéda l'intrusion d'un quidam que j'aurais préféré oublier en ces circonstances solennelles.

  • Oh ! Le Pig ! Y reviennent. Y a de la tiépaille à pied et des vacaliers à cheval ! Je promenais mon verrat sous les chênes qu'il fallait qu'il reprenne des forces. Et puis j'ai vu, y z'étaient sur les collines, au loin vers le sud...
  • Bah ! T'inquiète, le porcher, répondit l’Élu. Y vont repartir comme l'autre fois, Qu'Y z'ont fait demi-tour en se bouchant le nez.
  • Ouaip ! Mais p'être que s'y reviennent, c'est pas pour rien. Moi, je vais cafloumer mon verrat. Et puis mes porcelets et mes porcelaines, mes truies et mes truites, mes porcs et mes porsches !
  • T'as raison, fit l’Élu. Je vais planquer mes cochonnes. Allez les filles. Zou ! Sous le lit !



Je me sentis alors, perdu, abasourdi, consterné, hébété.... bref : anéanti. Le « Pig » ! Avais-je bien entendu ? J'invoquais, d'un regard larmoyant, un signe de la Sainte Voix, une phrase, un mots, un bégaiement, mais seuls me répondaient le craquement sinistre des poutres noircies de l'étage et le grignotage lancinant d'insectes rongeurs.

  • Père Naud, suppliait Ricard, Il vous faut partir. Votre « Big » n'est pas en ce lieu barbare. Ici, il n'y a que le Pig... Uniquement « Pig », notre maire.



Un village barbare, comment ai-je pu m'être ainsi fourvoyé ? Tout ici n'était que bestialité et sauvagerie... à part ce cher enfant, qui, me prenant par la manche de mon habit, m’entraînait vers la sortie.

  • Partez et emmenez moi, mon Père. Le monde est si vaste... Je veux goûter d'autres saveurs, voir d'autres couleurs, sentir d'autres... Odeurs...





(à suivre)
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par The BIG Ven 24 Mar - 17:06

Épilogue



  • Père, vite, cachez-vous !



Ricard tira vivement le col de ma robe de bure et m'entraîna avec lui dans le contre-bas du chemin. Déséquilibré, je roulais sur le jeune homme. Un arbrisseau stoppa notre chute.

  • Ricard, voyons, ce n'est pas une saison pour faire des galipettes !
  • Les soldats, mon Père, chut !



Le fossé n'était pas très profond mais les quelques arbustes bordant le chemin suffisaient pour nous dissimuler. Si ce n'étaient les épines qui taraudaient mes parties postérieures et l'eau accumulée qui nous trempait les chausses, la situation aurait pu être d'une plaisante intimité.
Des bruits de botte, lourds, réguliers, déterminés se faisaient entendre de plus en plus distinctement, sans qu'aucun son de voix n'en vienne troubler la cadence. La troupe défilait au dessus de nos têtes. Au travers des branchages, je voyais luire les casques d'acier des soldats et la pointe de leur lance.Mais de leur visage, je ne devinais que les yeux, le reste étant masqué d'un épais foulard qui leur couvrait le nez.
Soudain : le bruit d'une cavalcade. Un ordre :

  • Place ! Place ! Libérez la voie !


Les soldats s'écartèrent aussitôt. Je craignis que l'un d'eux ne dérape et roule vers nous. Mais ils étaient aguerris, habitués aux manœuvres.
La troupe était nombreuse et nous restâmes assez longtemps repliés sur nous même. Puis le bruit de pas s'atténua et disparu.

  • Ricard, mon petit, toi qui est jeune et leste, risque donc une tête pour voir...
  • Mais, mon Père, peut-être qu'il y a quelques gardes encore... n'est-ce pas dangereux ?
  • Allons, allons, un peu de courage mon enfant. Va voir et dis-moi.



Le jeune homme entreprit en rampant l’ascension du talus.

  • Votre aide n'est pas nécessaire mon Père,merci.



Je retirais mes mains charitables de ses fesses qu'il avait, ma foi, bien fermes et rebondies.

  • Alors, ils sont partis ?
  • Presque... Ils sont arrêtés en vu du village. Là bas, au flanc de la colline... On dirait qu'ils se préparent... Ils ajustent leur foulard sur leur visage.... Mais....
  • Mais ? Mon fils, mais quoi ?
  • Mais... je ne vois pas les cavaliers...
  • Comment, pas les cavaliers ! Nous auraient-ils contourné ?



Je me retournais inquiet. Mais il n'y avait aucun soldat derrière nous, juste la forêt obscure, profonde, impénétrable sous le ciel bas.

  • Ça y est, je les vois... Il sont au faîte de la colline qui domine le village... Ils attendent... Il y a une femme parmi eux. C'est elle qui commande, on dirait... Qu'est-ce qu'elle est belle !
  • Une belle femme ? Attend, je monte voir.



Je me glissais péniblement au niveau du jeune homme.

  • Là haut, mon Père, vous voyez ?... Oh ! D'autres cavaliers arrivent. Ils s'arrêtent. L'un d'eux se détache du groupe. C'est un chevalier... Regardez, son armure : elle est bleu... Il s'avance vers la Dame.



Le chevalier stoppa sa monture au niveau de la cavalière. Elle l'attendait immobile, une longue cape d'hermine brodé d'or couvrait sa tête et ses épaules. Elle épousait les formes de son destrier blanc, si bien qu'il était difficile de distinguer l'un de l'autre. Soudain un légère brise s'insinua sous le capuchon de la cape et fit tournoyer un instant une chevelure de glace.
Elle tendit alors une main vers le chevalier qui l'a saisi délicatement et la baisa. Une lame de lumière éventra le ciel de plomb et éclaboussa les deux cavaliers. Dans cette campagne sinistre, ils semblèrent alors se détacher du sol, auréolés d'argent .

  • Ô Sainte Voix... m’exclamais-je dans un murmure
  • Iryei... enfin... Sembla répondre la Voix


Puis ils tournèrent leur regard vers le village. La cavalière fit un signe de tête en direction de la troupe. Alors les soldats brandirent leur lance en criant :

  • Valmort ! Valmort !



Et ils s'élancèrent.

cheers
The BIG
The BIG
Ecuyer du forum
Ecuyer du forum

Nombre de messages : 279
Localisation : Provence
Date d'inscription : 21/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2 Empty Re: LES CHRONIQUES DU BIG ROYAUME saison 2

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum